L'espagnol, Le norvégien et le suisse...

10 avril 2006

A l'issue de la semaine toute juste passée et de Paris-Roubaix, ce sont trois nouvelles épreuves Pro Tour qui se sont terminée... Il ya eu pour certains de beaux instants, des désillusions pour d'autres et pour nous, du spectacle. On est rentré dans le vif du sujet concernant le classement Pro Tour et à l'aube des "Ardennaises", entamées dès samedi par l'Amstel Gold Race, on n'a pas fini d'avoir du spectacle...

Tour du Pays Basque, du lundi 03 au samedi 06:

En terme de compétition Pro tour, le Tour du Pays Basque est en Espagne ce qu'est Tirreno-Adriatico en Italie, Paris-Nice en France, et ce que sera dès le 25 avril le Tour de Romandie en Suisse... Course d'une semaine au terme de laquelle son vainqueur aura l'honneur de recevoir ses 50 points Pro Tour. Et ce Tour du Pays Basque 2006 a été riche en suspens. On attendait au départ les Di Luca, Valverde, Menchov, Contador ou une demi-douzaine d'autres outsiders... La liste des prétendants encore au titre s'amenuisait au fil des jours et il fallait être dans le groupe de tête pour encore esperer au titre...Explication.

Ils ne sont plus qu'une cinquantaine à l'avant au terme de la première étape remportée par Valverde au sprint seulement 9mm devant Freire, et 14 à Segura mardi. Exit Di Luca revenant de maladie ou Menchov inexistant. Plus de la moitié sont espagnols. Mais ce mardi, Valverde le leader du jour a laissé filer de précieuses secondes à deux concurrents, attaquants dans les deux derniers kilomètres. Il finira troisième à deux secondes du vainqueur d'Euskaltel chez lui Sanchez, au pied du podium de Paris-Nice, et du talentueux Contador. Sans bonnifications, il garde tout de même cet écart au général.

Sanchez aura été fort chez lui...

D'autant plus que le lendemain, les mêmes premiers finissent l'étape sur un mur dompté en premier par... Sanchez. L'espagnol creuse l'écart à l'approche de deux étapes plus "calme" avec la revanche de Freire à Vittoria et d'une victoire sur la plus longue étape de la semaine de... Thomas Voeckler. Cocorico en Pays Basque de "Ti-Blanc" qui enlève en plus le prestige en dominant le monstre Jens Voigt. Les deux hommes ont profité de leurs retards au général pour se faire la belle.

... et Voeckler dans la 5ème étape!

Et c'est donc le samedi que se disputera la dernière manche entre leaders au terme d'un ultime contre-la-montre de 24km dans les rues de Zalla. Tout n'est pas encore gagner pour Sanchez, rouleur limité, tout comme Valverde alors que l'espoir subsiste pour Contador, Sinkewitz ou Azevedo. Cependant c'est l'espagnol Marchante (prononcez Merkenté) qui finit le plus rapidement le parcours. Et de la même manière fait coup double puisque ce jeune talent (encore un!), qui s'était révelé en France au Dauphiné de juin mais abandonnant sur le Tour, sera le grand vainqueur du Tour du Pays Basque 2006. Le podium de samedi sera dailleurs le podium final car Valverde aura fait l'effort de finir second devant son coéquipier 3ème de Paris-Nice, Colom Mas. Sanchez aura finalement la 6ème place du général...

Marchante, le plus rapide dans Zalla

Top 10 du Tour de Pays Basque:

01. Gomez Marchante SDV 20h31'47"

02. Valverde IBC à 7"

03. Colom Mas IBC m.t

04. Sinkewitz TMO à 19"

05. Contador LSW à 20"

06. Sanchez EUS à 42"

07. Perdiguero COF à 44"

08. Evans DVL à 1'11"

09. Vila LAM à 1'21"

10. Azevedo DSC à 1'24"

Gand-Wevelgem, mercredi 05:

Gand-Wevelgem, à mi-chemin entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, est une bonne préparation de la classique française et un bon moyen pour les perdants des Flandres de se racheter. D'autant plus que Boonen n'est pas fasciné par ce que l'on considère la "semi-classique", cherchant juste a accumuler le maximum de kilomètres et si possible laisser la victoire à un de ses coéquipiers.

Boonen piégé, Petacchi devant.

Les 210km en Belgique sont relativement plats, les difficultés étant quatre petites côtes à grimper deux fois, la dernière se situant à 40km de la fin... Mais reprenant peu à peu les échappées, le peloton ne compte plus que 40 unités au sommet du mont Kemmel... et plus Boonen. Le belge l'ayant passé en milieu de peloton. Après une pousuite des Davitamons également piégé mais rapidement éssouflés, l'écart augmentera rapidement. Une aubaine pour les Milram encore présent afin de faire le train pour Petacchi dans les derniers hectomètres.

Cela n'empechera pas le volontaire Roesems quasi-seul davitamon restant en tête d'attaquer à une quinzaine de kilomètres de la ligne. Le spécialiste contre-la-montre s'échappe alors pour un raid solitaire comme il sait le faire. L'éccart reste faible mais ne descend pas. D'autant plus que les Milram s'éppuise à pousuivre le corriace qui ne lache pas prise... Il sera battu par Zabel, le dernier wagon de Petacchi, mais en tête trop rapidement pour lancer le sprint. Cela donne des idées aux derniers attaquants. Et qui dit offensif des derniers kilomètres dit...Pozzato. Le vainqueur de Milan-San Remo semblent en bonne position d'avoir sa deuxième plus belle victoire de sa carrière. Mais le sprint démarre tôt par Cooke, se sacrifiant quasimment automatiquement par l'occasion.

Trois hommes seulement dépasseront le coéquipier de Tom Boonen, Petacchi fait partie de l'un d'eux mais à 50m de la ligne, c'est une certitude, il ne pourra gagner Gand-Wevelgem. Devant, on voit un temps l'allemand Kopp en tête mais un moment, parru si long, après la ligne, c'est le norvégien du Credit Agricole qui se dresse sur son vélo pour lever les bras... Hushovd vient de gagner une course belge bien belle.

C'est après la ligne que Hushovd a enfin pu lever les bras...

Top 10 de Gand-Wevelgem:

01. Hushovd CA 4h57'33"

02. Kopp GST m.t

03. Petacchi MLR m.t

04. Pozzato QSI

05. Hincapie DSC

06. Cancelara CSC

07. Eisel FDJ

08. Putsep A2R

09. Davis LSW

10. Arvesen CSC

Paris-Roubaix, Dimanche 09:

Ce sont les trois secteurs pavés de Paris-Roubaix aux cinqs étoiles qui ont fait la course... Et quelle course!On a eu les sélections, les gros leaders, les chutes, les attaques et même une affaire sur les 259km menant au vélodrome de Roubaix.

Les traditionelles échappés ont eu leur mot à dire lors des trois premiers cinquième de la course jusqu'a une trouée d'Arenberg flambante neuve. Le retour de ce secteur sur le parcours de l'Enfer du Nord aura éliminé la majeure partie du peloton à la victoire 2006. Sans aucunes chutes, il a donc eu un rôle clé: Objectif atteint. Après les 2400 mètres de secousses intenses entammés par le français Portal et prolongés par le favori Boonen, ils sont 17 à la sortie des pavés.

Deux français, les grands favoris au rendez-vous, Boonen étonamment isolé... Derrière le peloton se reforme et part en poursuite mené par les Quick Step à la recherche de leur leader... Mais ils n'y parvenont jamais et à 70km du vélodrome, ils sont 14 à 1'30" du reste des hommes à prétendre encore à la victoire. Après quelques accelerations de Flecha, ils arrivent vite dans le deuxième secteur clé, le 10 de Mons en Pelés.

Flecha attaquera encore, Portal qui a fait le yo-yo depuis la Trouée est définitivement laché, le grand Hincapie perdra son guidon et se luxuera l'épaule, mettant un terme à son rêve de vélodrome. Enfin Cancelara dechaussera et l'échapée sortira totalement désorganisée avec deux groupes de quatre coureurs qui se rejoindront. La course se précise, plus personne ne reviendra et il sont 8 à encore pouvoir lever les bras. Les Belges Boonen, Van Petegem et Hoste, l'italien Ballan, l'espagnol Flecha, le suisse Cancelara, le russe Gusev et l'autrichien Eisel.

Enfin, le dernier juge de paix devenu désormais habituel dans Paris-Roubaix s'approche, le Carrefour de l'Arbre.

Au carrefour de la course, Boonen ne rêvera pas d'un doublé.

Avant cela, Ballan et Gusev ont chuté mais ayant rejoints les autres hommes, le russe contre-attaqua avec Cancelara. Au fameux secteur 4, le suisse lache le russe et devient dangereux pour la gagne. Gusev laché, c'est Hoste, son coéquipier et seul rival de Boonen au Tour des Flandres, qui attaquera derrière mettant fin aux illusions du Belge, archi-favori mais jamais trop convaincant ce jour-ci. Eisel décroche définitivement alors que Van Petegem sera seul à suivre Hoste, ils rejoindront Gusev et formeront le trio de poursuite derrière Cancelara. L'autre trio Flecha, Ballan et Boonen reste tout de même à 10km du but en mesure d'un regroupement des poursuivants. Passe alors un train...

Le passage à niveau n°13.

On dirait plutot un titre d'un tout nouveau livre policier mais c'est bien le passage à niveau n°13 (les passages à niveau se trouvant sur un parcours cycliste étant repertoriés) qui a joué un rôle determinant dans le final de Roubaix. Une moyenne de vitesse de course sur les bases d'un record et cela peut avoir de lourdes conséquences... Ainsi Cancelara passe rapidement le passage alors que le premier groupe se retrouve face aux barrières baissées. Dans l'esprit fou de la course et de la poursuite du suisse, ils passeront l'obstacle tandis que le second groupe feront face à un train de marchandises obligeant à poser pied à terre. "C'était plutôt marrant. j'ai écouté les petits oiseaux chanter et regardé le ciel bleu." ironisera le champion du monde Boonen à l'arrivée. Mais ce problème signera la dernière chance de podium pour les trois, officieusement.

Pendant ce temps-la, Cancelara s'envole et rien ne comprommet sa victoire. il a réussi son contre-la-montre final, lui qui avait été révelé en 2003 à sa première participation dans Paris-Roubaix et fait sa meilleure place de 4ème l'année suivante. Mercredi, il avait fait 6ème du Tour des Flandres et de Gand-Wevelgem. Ce dimanche, il a toujours été present dans la course ne reniant pas à rouler en tête. Aux 300 mètres, on l'a vu à la fois grimaçant et souriant, la belle image de ce 9 avril. "J'ai repensé à tous les effort qu'il a fallu produire pour en arriver là" commentera t-il en français. Il arrivera au vélodrome de Roubaix , "l'endroit le plus magique que je connaisse en vélo", et savourera ses 100 plus beau derniers mètres de sa carrière, levant tantôt les bras, tantôt se cachant le visage. Plus d'une minute après, Hoste bat Van Petegem et Gusev alors que Boonen reglera Ballan et Flecha.

Le vainqueur est incontesté, c'était lui le plus fort...

Mais dès l'arrivée, la décision est prise. Le 2ème, 3ème et 4ème sont déclassés de la course pour avoir franchi le passage à niveau alors que les barrières étaient baissées. C'est donc une disqualification de ces trois hommes parmi les meilleurs de ce jour après avoir fait 260km d'efforts intense. Hoste n'aura pas fait deux fois 2ème après son duo avec Tom Boonen, Van Petegem eu une de ses dernières chances de figurer sur le podium de Paris-Roubaix, son principal objectif de la saison.

Aurait-on pu prendre une nouvelle décision? La réponse est oui. Johan Bruyneel partira avec ses coureurs Hoste et Gusev désabusé de ce dimanche. "Que fait un passage à niveau dans le final d'une classique comme Paris-Roubaix? Donnez moi une carte et je vous trouve un final sans passage à niveau!" s'exclamera t-il aux dirigeants de Paris-Roubaix, les mêmes que ceux du Tour de France avec qui il était déja en froid. Van Petegem ne parlera pas. Même ceux qui ont bénéficiés de ce déclassement semblait ne pas admettre la décision, Boonen en premier plan. "Ce n'est pas une belle façon de finir 2ème. Ma vraie place, c'est 5ème. Si j'avais été devant avec eux, je serais passé aussi. Les organisateurs auraient du stopper les coureurs." Car c'est l'autre problème. Un commissaire était bien présents avec les malheureux à ce fameux passage, sans toutefois prendre le décision de les stopper et continuant à les suivre une fois le passage franchie. Une décision contestée donc. Tom Boonen lui, avec son podium donné s'envole dans le classement Pro Tour...

Top 10 de Paris-Roubaix:

Cancelara aura su maitriser le pavé de Roubaix